LIEBKNECHT Karl (1914) : Déclaration au Reichstag
Après avoir voté, par discipline de parti, avec les 110 autres membres du SPD, les crédits de guerre, Liebknecht se résolut à se servir de sa position d’élu. Un voyage sur le front de l’Ouest, en tant que député, semble l’avoir définitivement convaincu : « En ce qui concerne Karl Liebknecht, il vint à Liège en octobre 1914. [...] Nous lui avons expliqué la situation qu’il ne connaissait pas, et je l’ai accompagné le lendemain dans les provinces, en particulier à Wavre, où les destructions étaient considérables. [...] Au moment de partir, il me serra la main et dit : « Maintenant je sais ce qui s’est passé, et je ferai mon devoir ». (Camille Huysmans à Benedikt Kautsky, 11 mars 1949, in Nettl, p. 598)
En novembre, il commença donc sa propagande auprès du groupe parlementaire. Mais, malgré de nombreuses conversations particulières, au moment du vote, il fut le seul à rompre l’Union sacrée. Malgré les quolibets, son nom devint bientôt le symbole conséquent du courage et de l’internationalisme.
Et, contre le vieux révisionniste David qui, devant la commission du Reichstag, dit en parlant de Liebknecht : « Chien qui aboie fort ne mort pas ! », Rosa Luxemburg répondra en 1916 :
« C’est un chien qui lèche la botte du dominateur, dominateur qui depuis des décennies l’abreuve de coups de pied.
C’est un chien, qui muselé par l’état d’exception remue sa queue joyeusement et qui gémissant doucement guette le regard des seigneurs de la dictature militaire. [...]
C’est un chien qui, aux ordres du gouvernement, abjure, calomnie et traîne dans la boue tout le passé de son parti, tout ce qui lui était sacré pendant une