Lire
Approches du texte
La lecture comme aspect principal de la critique textuelle
On ne s’engagerait pas dans un dépistage des textes sans avoir cette attraction incontournable pour la lecture et, surtout pour la littérature. Bachelard évoque cet échange entre auteurs et lecteurs dans La Poétique de l’espace lorsqu’il écrit : « tout lecteur, un peu passionné de lecture, nourrit et refoule, par la lecture, un désir d’être écrivain… Il semble que la joie de lire soit le reflet de la joie d’écriture comme si le lecteur était le fantôme de l’écrivain. » (p.9-10) C’est en réfléchissant sur l’acte de lecture dans l’histoire qu’on enrichit cette envoutement subjectif. Il ne s’agit pas uniquement de déchiffrer l’encodage des signes mais bien plus, aller à l’explication de la subtilité des signes dont la littérature est faite. L’atteinte de la jouissance artistique ne se limite pas au statut lecteur-consommateur, elle implique une part de création et de productivité de la part du lecteur, sans pour autant être l’acteur d’une adhésion spontanée, ni d’une vénération stérilisante.
I. La lecture : épisode historique Survoler un livre semble être un acte machinal et naturel, or il a mis des siècles à se construire. Dans l’antiquité, l’oralité était le caractère essentiel de la lecture (lectures publiques, récitations). On prenait également un lecteur pour remédier aux inconvénients que présentait le maniement d’un rouleau de parchemin sur lequel le texte était matérialisé. A l’antiquité tardive (3ème et 4ème S) apparaît la lecture silencieuse et qui accompagne l’apparition du livre : ensemble de feuillets rassemblés en cahiers et cousus. Mais la pratique de la lecture était particulièrement celle des livres Saints (judaïsme, Bible, Coran). Ces livres de référence nécessitent un religieux lettré et cultivé. On peut donc conclure que lire c’est d’abord lire le livre saint, la