Lorenzaccio (Musset) : portée poétique
(LION Thomas)
Alfred de Musset a rédigé Lorenzaccio suite à la découverte de la scène historique de George Sand, puis de celle des Chroniques de Varchi. La pièce pourrait donc très bien se limiter à n'être qu'un récit du meurtre d'Alexandre de Médicis par son cousin Lorenzo. Néanmoins, le seul genre théâtral de l’œuvre de Musset, le genre romantique, indique qu'il n'en n'est rien. Plus concrètement, Lorenzaccio est une pièce d'un genre développé par les Romantiques dans la première moitié du XIXe siècle, et relate donc d'une façon nouvelle l'événement historique décrit plus haut. En effet, le dramaturge a choisi de se focaliser, plus que sur l'action elle même comme le faisait George Sand (tout conduit au meurtre, qui est la scène centrale et finale de sa Conspiration), sur les sentiments, l'affectivité. Il adopte un point de vue romantique, et cherche à défendre un thème plus romantique encore : le désenchantement. Or, qui dit romantisme dit mélange des genres, et Lorenzaccio n'échappe pas à la règle. Pièce de théâtre en premier lieu, œuvre dramatique, certes, mais pas que. Musset est un auteur qui s'est illustré dans deux genres littéraires particuliers : le théâtre, mais aussi la poésie. Dans quelle mesure la pièce de Musset est-elle poétique ? Quelle est la portée de ce phénomène ? Effectivement, Lorenzaccio se présente comme poétique par ses caractéristiques formelles, ce qui permet à son auteur de mettre en scène son pessimisme et sa vision de l'art.
Si l'on considère Lorenzaccio comme une œuvre en partie poétique, cela passe en premier lieu par se caractéristiques formelles. L'écriture est donc travaillée de façon à ressembler à de la poésie, ou en tout cas Musset la travaille dans le but de la faire ressembler à de l'écriture poétique, en particulier de l'écriture de la prose. Tout d'abord, on remarque dans certaines scènes, notamment la scène III,3, un jeu sur les sonorités