Lorenzaccio est un drame romantique en cinq actes, écrit par Alfred de Musset en 1833, inspiré de George Sand, qui lui avait fait lire son manuscrit Une conspiration en 1537. Il est publié en août 1834 dans le premier tome de la seconde édition d'Un Spectacle dans un fauteuil. Il y décrit un héros romantique, Lorenzo de Médicis. L'intrigue de cette pièce est reprise d'événements réels racontés dans une chronique de la Renaissance sur la vie de Florence au xvie siècle : la Storia fiorentina de Benedetto Varchi. Cependant, Musset en a modifié quelques aspects. En effet dans la réalité, Lorenzo s'enfuit et reste en vie encore quelques années, alors que le personnage de la pièce est assassiné dix ans plus tôt. Le cœur de l'action se déroule dans une ville de l'Italie, nommée Florence; mais ce n'est pas qu'une simple ville: elle apparaît au fur et à mesure de l'oeuvre comme étant un personnage à part entière. Nous pouvons de ce fait nous demander quelle est la place de Florence dans cette pièce. Nous verrons dans un premier temps qu'elle est le lieu théâtral de l'histoire, puis nous montrerons qu'elle est un lieu symbolique pour les Florentins (une ville mère), pour enfin apprécier les enjeux politiques qu'elle comporte.
Florence est un personnage à part entière.
Elle est souvent personnifiée par les Florentins, en bien ou en mal. L’orfèvre oppose un passé heureux où « Florence était encore (il n’y a pas longtemps de cela) une bonne maison bien bâtie » qui permettait à son peuple de vivre en sécurité (« sans crainte d’une pierre sur la tête »). Pour Tebaldeo, le jeune peintre, élève de Raphaël, Florence est une mère qu’il aime. Même s’il sait que la cité est corrompue, il ne remet pas en question l’amour qu’il porte à la mère-patrie. La marquise Cibo s’extasie encore devant la beauté de sa ville mais déplore la situation politique : « Que tu es belle, Florence, mais que tu es triste ! ». Les bannis, eux, n’ont plus d’indulgence pour leur ville. Ils l’insultent,