Lorsque je dis "j'ai raison" mon interlocuteur n'a-t-il plus qu'à se taire ?
Sujet : Lorsque je dis «j'ai raison», mon interlocuteur n'a-t-il plus qu'à se taire?
Le mot «raison» vient du latin ratio qui signifie «calcul». En philosophie, on l'emploie principalement dans le dessein de désigner la faculté de bien juger, la faculté de combiner des jugements ou pour une justification. Dans la phrase «j'ai raison», on cherche à justifier son point de vue. A montrer à notre interlocuteur que notre faculté de bien juger est meilleure que la sienne sur un point en question. On cherche à lui montrer qu'on détient la vérité. Cependant, notre vérité est-elle mieux que la sienne ? Quel élément me permet de dire que je suis le seul à détenir la vérité ? Qu'est-ce qui m'accorde le droit d'imposer le silence à mon interlocuteur dès lors que je considère avoir raison? Afin de répondre à ces questions, nous verrons dans une première partie quels sont les éléments qui me donnent le droit de dire que «j'ai [effectivement] raison», et que le fait de douter de soi amène l'interlocuteur à prendre la parole plus facilement. Puis, dans un second temps, nous essayerons de déterminer si le fait d'avoir raison amène obligatoirement à contraindre autrui au silence.
D'une part, lorsque je dis «j'ai raison», suis-je sûre d'avoir réellement raison. Comment puis-je être certaine qu'en réalité je ne me trompe pas? En effet, le fait de dire «j'ai raison» dans une conversation peut masquer un manque de vérité de mon propre savoir. Je peux dire «j'ai raison» dans le but de mettre fin à une conversation à laquelle notre connaissance sur le sujet a atteint sa limite mais à laquelle on ne veut pas laisser le dernier mot à l'interlocuteur. Dans ce cas, le «j'ai raison» n'est pas justifié. On dit «j'ai raison» en pensant que cela va faire taire mon interlocuteur. Cependant, cette technique est-elle efficace ? Mon interlocuteur ne se rendra-t-il pas compte de notre tort si l'on met fin à un sujet de conversation de cette manière ?