Louise labe
Faculté des Lettres,
Université de Sohag ---------------
LOUISE LABÉ vue par Marceline Desbordes-Valmore ( “ Élégie à Louise Labé ” ) et par Louis Aragon ( “ Plainte pour le quatrième centenaire d’un amour ”) Élégie à Louise Labé
Quoi ! C’est là ton berceau, poétique Louise ! Mélodieux enfant, fait d’amour et d’amour, et d’âme, et d’âme encore, et de mollesse exquise ! Quoi ! C’est la que ta vie a pris l’air et le jour ! Quoi ! Les murs étouffants de cette étroite rue ont laissé, sans l’éteindre, éclore ta raison ! Quoi ! C’est là qu’a brillé ta lampe disparue ! La jeune perle ainsi colore sa prison.. non, ce n’est pas ainsi que je rêvais ta cage, fauvette à tête blonde, au chant libre et joyeux ! Je suspendais ton aile à quelque frais bocage, Plein d’encens et de jour aussi doux que tes yeux ! Et le Rhône en colère, et la Saône dormante, n’avaient point baptisé tes beaux jours tramés d’or ; dans un cercle de feu tourmentée et charmante, j’ai cru qu’avec des fleurs tu décrivais ton sort, et que ton aile au vent n’était point arrêté sous ces réseaux de fer aux rigides couleurs ; et que tu respirais la tristesse enchantée que la paix du désert imprime aux jeunes fleurs ; que tu livrais aux flots tes amoureuses larmes, miroir pur et profond qu’interrogeaient tes charmes ; et que tes vers émus, nés d’un frais souvenir, s’en allaient sans efforts chanter dans