[pic] Pendant des décennies, l’histoire ou plus précisément la petite histoire de la littérature française a présenté la Marquise du Châtelet (1706 - 1749) comme un ornement de la carrière et de la vanité de Voltaire, son amant. Voltaire, quant à lui, l'a toujours considérée comme sa collaboratrice et il a toujours eu un profond respect pour l'' uvre scientifique et philosophique de sa compagne. Ainsi écrira-t-il en août 1733 : « je lui suis attaché en proportion de son mérite, ce qui veut dire infiniment ». Depuis les années 1970, on assiste à une réévaluation de son ' uvre par des chercheurs venant de diverses disciplines : sciences, philosophie, littérature, histoire, etc. On peut aujourd’hui dire que Voltaire n’exagérait en rien ses qualités. Ainsi Émilie du Châtelet fait-elle figure d'exception dans l’histoire française du XVIIIème siècle, tant par le fait que ce soit une femme que par ses idées, à la fois philosophiques, scientifiques et littéraires. Un bon exemple de cette pluridisciplinarité est son ' uvre, publiée à titre posthume, intitulée Discours sur le bonheur (voir document annexe) qui a une haute valeur littéraire et qui présente un concept philosophique en retenant une démarche scientifique. Madame du Châtelet vécut au siècle des lumières qui tire son nom du mouvement intellectuel, culturel et scientifique aux multiples manifestations connues sous le nom de Lumières, marqué par le rationalisme philosophique et l'exaltation des sciences. Le propos est d’expliquer en quoi madame du Châtelet a pleinement sa place dans les Lumières. Pour cela il sera présenté : - dans un premier temps, sa qualité de femme de science à travers son éducation particulièrement complète et à travers ses qualités de réflexion qui lui valurent sa renommée en son temps ; ces textes furent traduits en plusieurs langues ; - puis, comment madame du Châtelet s’insérait dans son époque, de par sa vie libertine ainsi que de par ses critiques sur la société