Mademoiselle
Mathieu Pernot
* Les Migrants (2009)
« J’ai été ému par la présence de ces « refoulés » de l’histoire, ces figures d’une mondialisation inversée. J’ai été troublé par la beauté ambigüe de ces formes qui rappelaient celles d’une autre Histoire. J’ai pensé que la meilleure image à faire était celle de leur sommeil, de cet ailleurs que l’on ne connaîtra jamais et qui constitue sans doute leur dernière échappée. Je n’ai pas voulu les réveiller. Je n’ai rien vu des migrants. »
* La Jungle (2009-2010)
«Une image se trouve à l'origine de ce travail. Une photographie entrevue dans un magazine associatif qui montrait quatre corps allongés à même le sol dans une forêt du nord de la France. La légende indiquait qu'il s'agissait d'afghans, probablement épuisés, qui se reposaient à l'abri des regards indiscrets. C'était une image violente, une photographie de guerre. Les corps semblaient morts et leur façon d'occuper l'espace évoquait la figure tragique du charnier. C'est cette image que je suis allé chercher dans la «jungle» de Calais, où les migrants séjournaient dans l'attente d'un hypothétique passage en Angleterre. Une image que je n'ai pas réussi à retrouver mais qui a finalement produit deux séries de photographies. En 2009, j'ai photographié cette forêt comme un paysage à la fois éprouvé par le climat et traversé par une histoire. Les traces de cabanes et les restes de sacs de couchage en constituaient les signes les plus visibles. Peu de temps après, j'ai réalisé à Paris des photographies de migrants afghans en train de dormir, le matin très tôt, dans le temps que je disposais entre le lever du jour et la présence des policiers venus les évacuer. Les sacs de couchage abandonnés de la forêt étaient à nouveau habités par des corps que je ne pouvais qu'imaginer. En 2012, j'ai rencontré Jawad et Mansour, tous les deux afghans réfugiés à Paris. J'ai confié à Jawad des cahiers d'écolier pour qu'il y écrive le récit de son voyage