Mallarmé et L'Azur

2065 mots 9 pages
À ce titre, plusieurs images dans "L'Azur" sont caractéristiques : la première strophe, qui symbolise le poète face à la page blanche, instaure dès le début l’image pathétique du "poète impuissant qui maudit son génie", en proie à un "désert stérile de Douleurs". Comme l’a bien montré Éric Benoît, dans son essai Néant sonore : Mallarmé, ou la traversée des paradoxes , cette impossibilité d’écrire est au cœur de l’écriture mallarméenne : « c’est le phénomène de l’impuissance poétique, de l’impossibilité d’écrire, impuissance qui paradoxalement devient sujet d’écriture. » Ne permettant pas d’écrire et de créer, la vie se résume donc à la Douleur (ici personnifiée par une majuscule), de devoir accepter ce mal être. Comme le note remarquablement Albert Thibaudet : "ce tourment, chez Mallarmé, est un tourment littéraire autant qu’un tourment humain"|5|. L’angoisse de la page blanche affectera profondément Mallarmé, qui évoquera en 1865 dans "Brise Marine" « La clarté déserte de [la] lampe sur le vide papier que la blancheur défend ». À ce propos, Georges Emmanuel Clancier fait remarquer combien « La blessure de Stéphane Mallarmé est celle, perpétuelle, qu’inflige la pressante, chaude impureté de ce qui existe à un être hanté par la froide, dédaigneuse pureté du néant, où, plus strictement, sa seule blessure est d’être » (et toute son originalité sera de frôler le néant pour créer)
Comme le remarque Étienne Brunet, ce n'est point un hasard si dans l'œuvre pourtant assez mince de Mallarmé, ce terme d'azur apparaît près de quarante fois : véritablement "hanté, aspiré et inspiré par les profondeurs de l'azur" |9|, Mallarmé cherche à en égaler la perfection. Il s’accusait de ne pas avoir "l’insensibilité des pierres et de l’azur", d’être en quelque sorte limité. Alors que l’azur "est" de toute éternité, l'homme, prisonnier de la contingence et du matérialisme, n’est rien, perdu qu'il est entre la « bête », incapable de s’élever de la "litière/Où le bétail heureux des

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