Manon lescaut, l'exemple de manon lescaut
En effet, on observe que Des Grieux se place, dès le début du passage, en position de victime du destin. Le texte s’ouvre en effet sur une imploration pathétique avec l’impératif « Pardonnez », suscitant la pitié de Renoncourt ainsi que du lecteur. Des Grieux amplifie cette pitié en assurant qu’il a vécu le pire, avec l’hyperbole « un malheur qui n’eut jamais d’exemple ». Il utilise par ailleurs le champ lexical du destin : « destinée, fatal, Ciel », affirmant ainsi qu’il n’est pas responsable de ses propres malheurs, mais bien la victime du destin (il semble toutefois qu’il se contredise dans la dernière phrase du texte, avec l’adverbe « volontairement ». S’il décide de lui-même de la fin de son bonheur, est-ce donc qu’il n’est plus soumis au destin?). Cette fatalité fait de lui un héros maudit puisqu’ elle le condamne « punit » et est à l’origine de la fin de son bonheur « jamais …afficher plus de contenu…
La douleur de Des Grieux semble amplifiée par la parole, lorsque celui-ci associe les termes récit/tue et exprimer/horreur. De plus, cette douleur est sans cesse renouvelée, avec l’utilisation du présent d’habitude « je le porte sans cesse » et « chaque fois que j’entreprends ». Pour finir, les verbes « décrivent » et « rapporte », niés par l’impératif « N’exigez point » (qui fait échos à « Pardonnez »), suggèrent que le désespoir de Des Grieux est si grand qu’il ne peut continuer son récit. Ainsi, le romanesque dans ce passage tient à la fois de cette idée de fatalité qui fait de Des Greux sa victime et est la cause de son malheur ; mais également du registre tragique dans lequel l’auteur insère ce texte. En effet, Prévost laisse au tragique une grande place dans ce passage.