DOCUMENT COMPLEMENTAIRE MARIVAUX: Le Cabinet du philosophe. Le Voyageur dans le Nouveau Monde Huitième feuille, 1734 (pages 389-407 de l’édition Classiques Garnier : Journaux et œuvres diverses). Le narrateur, après une déception amoureuse, fait la connaissance d’un homme d'âge mûr qui lui offre de faire un voyage pour se distraire de son chagrin. Ils embarquent. Arrivés à destination, le cicerone du narrateur lui annonce qu'ils sont parvenus dans la France « de ce nouveau monde [ ... ] qui est exactement le double du nôtre. » De fait, ils entrent dans une ville où le narrateur rencontre un homme qui a l'apparence d'un officier de ses amis, Folville, mais qui n'en a que l'apparence car il s'exprime dans une langue nouvelle pour lui. Il interrompt son récit pour préciser : Et pour achever de m'expliquer là-dessus, par ce Monde vrai, je n'entends pas des hommes qui prononcent précisément ce que je leur fais dire, leur naïveté n'est pas dans leurs mots (j'ai peut~être oublié d'en avertir) : elle est dans la tournure de leur discours, dans l'air qu'ils ont en parlant, dans leur ton, dans leurs gestes, même dans leurs regards : et c'est dans tout ce que je dis là que leurs pensées se trouvent bien nettement, bien ingénument exprimées ; des paroles prononcées ne seraient pas plus claires. Tout cela forme une langue à part qu'il faut entendre, que j'entendais alors dans les autres pour la première fois de ma vie, que j'avais moi-même parlée quelquefois, sans y prendre garde, et sans avoir eu besoin de l'apprendre, parce qu'elle est naturelle et comme forcée dans toutes les âmes. Langue qui n'admet point d'équivoque ; l'âme qui la parle ne prend jamais un mot pour l'autre : et qu'on se ressouvienne que c'est d'après ce qu'on me disait dans cette langue-là, que je rapporte tous les discours que m'ont tenus les personnes avec qui j'ai eu affaire. Revenons à mon histoire.
La réception de Marivaux – paroles de critiques
Texte 1 - Compte rendu du journal Le Mercure.