matine e d ivresse lecture analytique
Eléments d'analyse linéaire regroupés par thèmes
Le titre : il met en relation l'ivresse et le temps (“matinée”), deux thèmes centraux du poème.
L'ivresse
Elle est à rattacher au mot qui clôt le poème : “le temps des assassins”, où l'on retrouve les deux thèmes de nouveau conjoints. L'ivresse est celle du haschisch que Rimbaud consomme comme de nombreux artistes parisiens (le club des haschischins qui réunit Baudelaire, Gauthier, Nerval) sous une forme de confiture (dawamesk) ; haschich et assassin ont peut-être la même origine, les haschischins étant les membres d'une secte meurtrière qui consommaient du haschisch. Rimbaud nous rappelle l'origine de la langue. L'ivresse est ainsi associée au crime, à la subversion des codes, de la morale, elle libère de la norme : “On nous a promis d'enterrer dans l'ombre l'arbre du bien et du mal (référence à la Genèse et à l'épisode du jardin d'Eden, où Eve et Adam consomment le fruit de l'arbre du bien et du mal, qui met un terme à leur inconscience et provoque la colère de Dieu et leur Chute ; l'autre arbre, auquel il n'ont pas eu le temps de goûter est l'arbre de la vie éternelle, dommage...), de déporter les honnêtetés tyranniques (la morale, la bien-pensance qui censure)”.
Le temps dans le poème : de l'expérience vécue à l'expérience passée
Le poète se souvient de la nuit qu'il a passé sous l'emprise de l'ivresse ; il faut tout de suite ne pas se contenter d'une lecture univoque, qui n'analyserait le poème qu'à l'aune de la prétendue ingestion de drogue qui serait à l'origine de la création poétique ; comme le dit Baudelaire, si la drogue peut être un transport, elle transporte le voyageur dans le pays qui lui ressemble ; le “trip” d'un esprit court est un saut de puce ; d'autre part, il est peu probable que Rimbaud ait écrit en état de conscience modifiée ; l'écriture vient après le voyage, et en est à la fois le