Matronie et moi
La pièce Matroni et moi est la première véritable manifestation du Groupement forestier du théâtre, c’est-à-dire qu’elle affiche une individualité au sein de ses représentations par un décor inusité. De plus, elle met en valeur la conscience capricieuse de l’auteur, par la restriction du texte mais la volubilité des acteurs à exécuter la pièce. Écrit par Alexis Martin et édité par LEMÉAC en 1997, cet auteur, acteur, scénariste et metteur en scène québécois, s’est inspiré du goût de la nouveauté de Robert Gravel, décédé en 1996. Cet atelier théâtral porte sur la question de la mort de Dieu, se demandant, à la fin de la lecture de cette pièce, si Gilles Larochelle, personnage principal, vient à perdre ses illusions. Le texte abordera tour à tour les 2 facettes de la question en prenant une prise de position critique, soit les éléments qui servent à condamner son attitude et les conséquences tragiques qu’elle suscite, et ceux qui justifient son attitude révoltée.
Dès le début de la pièce, Gilles présente une pensée très étroite à l’égard de la mort de Dieu enclenchant une société profane qui provoque « la disparition des points de repère traditionnels et, surtout face à la transcendance1 ». Il avait comme illusion que les membres de la communauté sont devenus maîtres de leurs propres moyens, soit sans l’aide de Dieu, puisque la criminalité fait désormais face à la justice des hommes. Autrefois, on ne pouvait échapper à la justice divine, ce qui est dorénavant remplacé en quelque sorte par notre conscience. Le seul désavantage fatidique de cette transformation aux cours des années est qu’il n’y a pas une justice universelle dont notre conscience puisse adopter, laissant ainsi une mince marge de manœuvre à ce qui attrait à nos choix et ses répercussions. Malgré certains « dénominateurs communs, un consensus autour de quelques valeurs, […] on assiste à une atomisation des consciences, à la fragmentation2 », permettant aux criminels d’esquiver à