Maus
MAUS
Je me rappelle la première fois que mon regard s’est posé sur le livre « Maus » il y a quelques années, par hasard, en arpentant le rayon BD. Ce titre, ces souris à l’air inquiet, et en arrière-plan la svastika ornée du visage stylisé d’un Hitler félin. D’office, je comprends évidemment que je me retrouve face à une énième histoire sur l’horreur de l’holocauste. Non, merci, très peu pour moi.
Non pas que je sois insensible à cette tragédie, mais elle nous a tant été resservie en documentaires, romans et films qu’elle a perdu pour moi beaucoup de son impact. D’une terrible vérité, nous sommes passé à du grand spectacle, du suspense, de l’émotion pop-corn. On a conféré à l’inimaginable une couleur imaginaire.
D’imaginaire, il n’en est pas tellement question dans Maus (notez qu’on pourrait se permettre de douter parfois du témoignage d’un Vladek assez égocentrique, manipulateur et prompt à se mettre en valeur). D’images, bien. Une bande dessinée. Ou comme vous nous l’avez présenté en classe, d’un roman graphique. J’en viens ici à la seconde raison qui m’a rendu rebutante la perspective de lire ce livre. Je n’aime pas le terme « roman graphique ».
Peut-être parce que je ne le comprends pas réellement. En tous les cas, l’appellation, peu familière, m’est apparue comme pompeuse, artificielle, snobinartistique si je peux me permettre un néologisme un peu bancal. Comme si l’on voulait donner une légitimité plus importante à une bande dessinée, comme si elle ne pouvait pas prétendre au développement d’histoires fortes, d’une certaine profondeur. Je ne suis pas de cet avis, j’ai toujours considéré la BD comme un media aussi honorable qu’un autre, et je ne ressens pas le besoin de l’appeler différemment pour lui donner un meilleur visage. Et Maus, quand bien même il développe un propos qui peut dépasser celui de la majorité des BD grand public, n’en reprend pas moins la forme, le langage, les codes. Même s’il en bouscule