metodologie
Serge Larivée
« Les faits n'entrent pas dans le monde des croyances. Ils ne les font pas naître, ils ne les détruisent pas. »
Marcel Proust
En conclusion du dernier éditorial (Larivée, 2001), j'annonçais qu'au cours du prochain, je chercherais à répondre à la question suivante : qu'est-ce qui pousse des individus à donner leur adhésion à des phénomènes insuffisamment démontrés ou à des systèmes de croyances dépourvus d'appui scientifique? On peut expliquer l'influence qu'exercent les pseudo-sciences par cinq grandes catégories de facteurs : des facteurs historiques, des facteurs reliés à la nature humaine, d'autres reliés au climat socio-culturel, d'autres reliés à l'éducation ainsi que des facteurs inhérents à la science elle-même et à sa diffusion. L'objet du présent éditorial concerne uniquement les deux premières catégories : les facteurs historiques et ceux liés à la nature humaine. Facteurs historiques
Les métaphores facilitent souvent la compréhension des choses complexes.
Pour expliquer la difficulté de recourir à l’attitude scientifique, j’emprunte à Sagan
(1980) sa métaphore du calendrier cosmique qui comprime l’histoire de l’univers (plus ou moins quinze milliards d’années) sur une seule année. Selon ce calendrier, «toute l’histoire connue occupe les dix (10) dernières secondes du 31 décembre, et le temps écoulé de la fin du Moyen Âge à nos jours occupe un peu plus d’une seconde» (p. 29).
Quant à la présence de la méthode expérimentale dans les sciences, elle n’apparaît que le 31 décembre à 23 h 59. Pendant presque toute son histoire, l'humanité s'en est donc tenue aux méthodes dites préscientifiques pour acquérir des connaissances. Et
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S. Normandeau m'a aimablement suggéré ce titre. Par ailleurs, D. Baril, I. L'Ecuyer-Dab, F. Filiatrault,
P. Gendreau, H. Genge, J.-R. Laurence, D. Paquette, S. Parent, A. Quiviger, B. Tessier, P. Thiriart ont généreusement accepté de lire une