Mon combat
Je me rappelle encore de cette rude journée. En un début d'année fort joyeux, et en dépit de la bonne humeur voulue par les codes sociaux, j'ai pris la grave décision de mourir, en toute abnégation il me fallait me libérer. C'est pourquoi je choisissais un cadre, ma foi, plutôt idyllique, où l'on avait connu divers évènements étranges, aussi racontait-on que la nuit qui joignait l'automne à l'hiver s'avérait plus propice aux mystères. Ou alors m'en étais-je persuadé ? Le Jardin de la Fontaine me paraissait bel et bien l'endroit idéal. Je voulais en finir à l'aurore, pour affliger la vie d'un paradoxe blasphématoire.
Enfin, me voici, grimpant l'imposant portail de fer, persuadé d'avancer vers l'élévation, bien que lassé de la condition humaine je semble bien ignorer se que je suis en train de faire. Bien, là commence le périple, à contre courant de ce à quoi la vie m'a endoctriné. Me voici seul, au milieu d'une brume aveuglante, et subitement s'arrête ma regrettée mélancolie. Je crois voir des ombres lumineuses danser autour de moi, dois-je m'inquiéter alors que déjà j'entends retentir le terrible sifflement auquel nous soustrait la solitude ? Serait-ce l'oraison funèbre destinée à ceux qui se refusent à cette peau de chagrin qu'est l'existence ? A l'heure de la confusion sonne l'appel bestial de la peur. Je suis pris à la gorge, ce Mal m'étrangle ! Ma panique me chatouille et laisse échapper un cri.
« Ô toi vile conscience, j'ai vu l'enfer et ses horribles formes, grossièrement abrités derrière ton égide ! »
Puis je suis rattrapé par ma condition, c'est totalement affolé que je fuis, peu importe ce que je pourrais trouver à la tour Magne, la fin de ma course se fera devant l'impasse, quand il n'y aura plus d'obstacles, au plus proche des cieux. Viennent maintenant les escaliers, à chaque marche j'entends résonner le fracas de mon pied qui violemment s'abat sur chaque étape. La froide morsure du vent m'engourdit les jambes et