Monnaie et commerce exterieur
La pensée économique classique ne s’est pas uniquement développée dans le cadre des débats théoriques sur la valeur, la répartition et la reproduction des richesses. Elle s’est également construite à travers des débats sur la monnaie et le commerce extérieur, au cours desquels les auteurs classiques adoptent des positions en rupture avec les discours mercantilistes antérieurs. Comme ils s’accordent pour reconnaître, à la suite de Smith, que la richesse ne réside pas dans les métaux précieux et qu’elle ne provient pas du commerce extérieur, de nouvelles interrogations surgissent : si la monnaie n’est pas le signe de la richesse, quel est son statut ? Si le commerce extérieur n’est pas la source de la richesse, quel est son rôle ? A ces deux questions, Smith apporte des éléments de réponse qui serviront de fondement aux débats ultérieurs, mais qui auront surtout pour conséquence de donner aux problèmes monétaires une place secondaire dans l’explication du processus de développement de la richesse des nations et d’aboutir à une dichotomie de fait entre les phénomènes monétaires et les échanges internationaux. Cette dichotomie trouve son expression dans le développement, au sein de la pensée classique, de deux grands débats séparés : l’un portant sur la nature de la monnaie et sur le rôle des banques, l’autre relatif à l’analyse du commerce extérieur. 1. Les débats sur la monnaie et les banques Les controverses entre auteurs classiques de la première moitié du XIXe siècle sur la théorie et la politique monétaire trouvent leur origine dans le contexte des événements historiques de l’époque. Ainsi, en février 1797, la Banque d’Angleterre prend la décision de suspendre la convertibilité en or et en argent de ses billets. En raison des guerres napoléoniennes, la suspension de la convertibilité se prolonge et engendre une augmentation progressive du prix du lingot (bullion) par rapport à son