Montaigne
Les hommes, constate Montaigne, négligent, de penser à la mort. La connaissance de notre propre mort nous serait sans doute insupportable si nous ne pouvions pas la cacher la plupart du temps... Mais, généralement, nous négligeons de penser à notre condition.
« N'ayons rien si souvent en la tête que la mort. À tous instants représentons-la à notre imagination et en tous visages. Au broncher d'un cheval, à la chute d'une tuile, à la moindre piqûre d'épingle, remâchons soudain : « Eh bien, quand ce serait la mort même ? » et là-dessus, raidissons-nous et efforçons-nous. Parmi les fêtes et la joie, ayons toujours ce refrain de la souvenance de notre condition ». Dans cet extrait, Montaigne nous encourage à vivre dans l’ombre de la mort dans le souci de l’existence, en conservant toujours à l’esprit notre qualité d’être pour la mort. Plutôt que d’occulter la mort, il faut garder à l’esprit la présence de la mort qui plane au-dessus de notre tête; mais, loin d’être à elle-même sa propre fin, cette méditation de la mort est davantage un moyen. En effet, c’est par son biais que nous pouvons accéder à la liberté.
« La préméditation de la mort est préméditation de la liberté. Qui a appris à mourir, il a désappris à servir ».
Cela ne veut pas dire penser à la mort sans relâche mais la préméditation de la mort peut être un remède contre la crainte qu’elle nous inspire. La conscience que la mort n’est rien pour nous ne fonde pas seulement la possibilité du bonheur, mais fonde aussi notre liberté. S’entrainer à la mort c’est un peu s’entrainer à la liberté.
« Il n'y a rien de mal en la vie pour celui qui a compris que la privation de la vie n’est pas mal » Pour échapper à l’angoisse de la mort, Montaigne préconise par cette phrase d’accepter et d’apprivoiser l’idée de notre mort.
Ces quatre formulations sont celles qui paraissent les plus percutantes dans cet extrait du