Montesquieu esclavage nègres
Plutôt que de dénoncer directement cette pratique barbare, l’auteur prend le parti de provoquer une réflexion chez le lecteur en recourant à l’argumentation indirecte : sur le mode ironique (figure de pensée consistant à dire le contraire de ce que l’on veut faire comprendre, notamment par antiphrase), Montesquieu choisit de donner à voir les arguments des esclavagistes qui justifient cette pratique pour mieux la dénoncer.
Cette étude se structure autour de deux axes : l’organisation du texte et le caractère inepte de l’argumentation.
1) L’organisation du texte
a) Un discours polyphonique
Le § 1 contient une phrase formée d’une subordonnée circonstancielle de condition à l’imparfait de l’indicatif introduite par si, et d’une principale au conditionnel : Si j'avais (…), voici ce que je dirais. C’est un irréel du présent (fait reconnu comme contraire à la réalité présente) : l’auteur se distancie donc des arguments qui vont suivre et invite le lecteur à une lecture à rebours. Il évite ainsi un malentendu sur ses intentions, si le lecteur est naïf ou inattentif. Il y a donc un double discours dans ce texte, puisqu’il faut distinguer la voix des esclavagistes à travers les arguments qu’ils emploient pour défendre leur position, et la voix de Montesquieu, qui vient dans le même temps montrer l’ineptie de ces arguments.
b) Une apparence de logique argumentative
Dans le discours qui leur est prêté, les partisans de l’esclavage tiennent à donner une apparence de logique argumentative solide à leur propos, par divers procédés :
-expression de la cause : une preuve que (§ 8), parce que