Mort de Manon Lescaut
De « nous avions passé tranquillement » (p.206) à « le peu de connaissances et de sentiments qui me restaient ». ( p. 209)
L'extrait se situe à la fin de l'oeuvre, dans la deuxième partie. Manon et Des Grieux se trouvent Louisiane après de nombreuses péripéties en France. Manon a été déportée avec des prostituées et son chevalier l’a suivie après avoir commis pour elle un meurtre et des vols. Les deux amants se sont sauvés dans le désert pour échapper au neveu du gouverneur, amoureux de Manon. La scène se passe dans le désert, la nuit. Manon, épuisée par la longue marche, va mourir, assistée par Des Grieux . C'est lui qui raconte la scène à l'homme de qualité, le chevalier de Renoncour.
I) L’anéantissement de Des Grieux :
1°) un récit réaliste : le réalisme ici est en rapport étroit avec l'idéal classique fait de sobriété et de précision. Les indices sont les suivants : des précisions chiffrées sont données sur les distances et le temps : « de lieux », « Plus de 24 heures », « au commencement du second jour ». La peinture du décor est marquée par l'absence de pittoresque : « vaste plaine », « campagne couverte de sable ». Ces expressions font référence à des réalités européennes, aucun exotisme n'est exploité alors que la scène se passe en Amérique. Le dépouillement l'emporte.
Un vocabulaire concret est utilisé pour décrire les soins réciproques et pour l'enterrement : « changer le linge de ma blessure », « pansée elle-même », « creuser », « ouvrir une large fosse ».
L'évocation sordide des charognards qui pourraient s'attaquer au corps de Manon prouvent que des grilles perçoit Manon comme un cadavre : « je fis réflexion […] que son corps serait exposé […] à devenir la pâture des bêtes sauvages ». Le récit de la mort de Manon est marqué par l'absence de tout propos moralisateur et par un compte rendu fidèle des gestes et attitudes des deux personnages.
2°) l'expression de la tendresse :Des