Mort et renaissance dans alcools d'apollinaire

990 mots 4 pages
Vers ou prose : que l’opposition puisse à bon droit sembler désuète n’empêche pas qu’elle continue de faire problème, et particulièrement quand l’un des fondateurs de la modernité joue à la questionner. Entre 1907 et 1913, un conte d’Apollinaire (« L’Obi­tuaire ») est devenu poème (« La Maison des morts »), par simple découpe de la prose en « vers libres » : exemple extrême d’auto-réécriture, où le même énoncé (à très peu près), transformé typographiquement, produit un texte à la fois identique et autre ; ce qui pose avec acuité le problème de la « forme-sens ».

1 Je dois à son obligeance de pouvoir la reproduire ci-après, et je l’en remercie vivement.
2 Michel Décaudin, Le Dossier d’» Alcools », Droz-Minard, 1960, pp. 117-121.
3 Fernand Divoire, l’un des « Treize » de L’Intransigeant (parmi lesquels figurait aussi Apollinaire (...)
4 « Lettre aux Treize », Œ C, IV, 740 : lettre d’ailleurs passionnante, où il s’amuse visiblement, y (...)
2Michel Décaudin a publié la version en prose initiale1, et détaillé les différentes étapes de sa transformation2 ; je les rappelle brièvement. Le conte paraît dans un journal, Le Soleil, en août 1907. On le retrouve découpé en poème dès l’été 1909, dans la revue Vers et Prose (clin d’œil du hasard, ou d’Apollinaire ?), sans aucune modification textuelle, et toujours intitulé « L’Obituaire ». Ce titre devient « La Maison des morts » dans une Anthologie des Poètes nouveaux publiée par G. Lanson au début de 1913 ; mais le vocable insolite subsiste dans le texte, où les rares changements ne touchent que les blancs et la ponctuation. Enfin dans Alcools (Po, 66-72), en avril 1913, le poème est déponctué, comme l’ensemble du recueil; et « l’obituaire » partout débaptisé (vv. 2, 45 et 194) ; nous retrouverons deux autres variantes, minimes en apparence. Trois étapes essentielles, donc, dans l’histoire de ce texte : la prose, le vers libre ponctué, la déponctuation. À moins que la réalité ne soit encore plus complexe ? Nous

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