Murs, frontières et migrations internationales
Le 15 décembre 2005, le Sénat américain approuve la construction d’un double mur de 1 200 Km sur sa frontière avec le Mexique pour arrêter l’émigration illégale. Dans la population mexicaine, ce mur, tout comme celui de Berlin ou de Cisjordanie, est ressenti comme celui de la honte.
La frontière est la limite d’un territoire. Elle est donc le lieu d’affirmation d’un pouvoir politique, la limite signifiante d’un peuple, d’une identité collective. Cette frontière n’est pas seulement une barrière, elle est plutôt un entre-deux, une transition. Elle crée un espace d’échanges, un espace d’ouverture, un lieu d’interface qui canalise les relations entre deux entités. La frontière nous définit, mais nous permet aussi de définir nos relations avec les autres.
Elle marque le point d’entrée ou le point de sortie du territoire, et donc le passage obligatoire pour tous mouvements migratoires. C’est ici que la définition première, celle de limite et de barrière, prend tout son sens. Oscillant entre les oppositions d’ouverture, de perméabilité et de fermeture, d’imperméabilité ou d’autarcie, entre la répression et la passivité selon les régimes mis en place et les politiques étatiques menées tant à l’intérieur comme à l’extérieur de l’espace considéré, la frontière va favoriser ou au contraire annihiler les mouvements transfrontaliers.
Depuis les années 1990, le monde se globalise. Les flux, les réseaux sont transnationaux, et la notion de frontière est théoriquement dépassée par notre monde contemporain. Pourtant, là où les flux commerciaux, financiers et de communication sont en plein essor, la liberté de circulation des individus est considérablement limitée.
Il convient donc de constater que le monde actuel est en proie à deux phénomènes paradoxaux, le transnationalisme d’une part et le retour aux frontières d’autre part, et donc de se demander en quoi cela agit sur les migrations internationales.
Pour se faire, nous