Mémoires d'outre tombe, livre premier, 8, chateaubriand
L'intérêt de ce texte de Chateaubriand, extrait des Mémoires d'outre-tombe , pourrait n'être que biographique.
Ce serait négliger les talents de prosateur et de romancier de l'écrivain qui, à partir d'une scène apparemment réelle, transfigure le souvenir de jeux d'enfants en épisode romanesque plein de joyeuses péripéties.
On l'a compris, l'envolée épique n'est pas sans humour et donne à cette page sa vivacité et son charme attendrissant : Chateaubriand écrivain n'est pas dupe du jeune François qui se choisit déjà héros.
II - UN PLAN POSSIBLE
A - UN RECIT ANECDOTIQUE :
Il s'agira dans cette partie d'étudier tout ce qui ancre le souvenir dans la réalité, du moins tout ce qui produit des effets de réel. Comment être sûr, en effet, que tout s'est bien passé ainsi ?
Lieux :
On reconnaît aisément les lieux familiers où l'auteur passa son enfance. Le décor joue ici pleinement son rôle de cadre de l'action et la mer n'est pas décrite, comme ailleurs, pour elle-même.
La houle du bord de mer et les pieux sur lesquels s'installent les enfants préparent le danger auquel ils s'exposeront joyeusement.
Le temps :
D'abord le temps de la narration : il s'agit d'un dimanche comme les autres. Les enfants grimpent "ordinairement" au haut des pieux où chacun prend sa place, "comme de coutume". Là encore, "l'heure de la marée" montante prépare le danger.
Le temps du récit au passé simple montre qu'un événement singulier va rompre le déroulement coutumier des choses.
On notera comment Chateaubriand alterne au moment opportun l'emploi de l'imparfait et du passé simple pour accroître la tension dramatique :
"Hervine...riait [...] ; Gesril se trouvait...etc."/ "Je chavirai...; elle déclara...etc."
Les personnages :
"Petites filles" et "petits garçons" forment une colonie d'autant plus joyeuse que l'atmosphère est ludique et protégée par "bonnes" et "domestiques". Jeunesse dorée !
Gesril, dont le nom fait