Mémoires

1341 mots 6 pages
La mémoire tire sa force des sentiments qu’elle mobilise : elle installe le souvenir dans l’affectif, voire le mythe et le sacré. Ouverte à la dialectique de l’amnésie et du souvenir, guère consciente de ses enrichissements et déformations successifs, elle est en évolution permanente et susceptible de longues latences et de soudaines revitalisations. Elle recèle aussi d’étonnantes richesses : la force d’une expérience, la restitution des représentations dominantes d’une époque, la capacité à intégrer…

Les mémoires individuelles, les mémoires de groupes — qui constituent l’élément militant et moteur de la mémoire collective —, la mémoire diffuse dans la collectivité tout entière se côtoient et s’interpénètrent sans se confondre ; elles puisent dans le vivier des souvenirs directs ou transmis et dans le stock d’informations reçues par des canaux ayant un statut officiel (commémorations, enseignement, médiatisation de la production et des débats scientifiques, etc.), qu’elles s’approprient de façon plus ou moins explicite.

S’il existe une inévitable compétition entre mémoire et histoire, entre fidélité et " reconnaissance " d’une part et explication et vérité vraisemblable de l’autre, il est mutilant d’établir entre elles une hiérarchie absolue (dans un sens ou dans l’autre) et une frontière infranchissable.

Reste que l’histoire est volonté de comprendre, mise en récit problématisée, transformation en pensé de ce qui est ordinairement de l’ordre du vécu affectif et émotionnel ou du système de représentations. En faisant leur métier, les historiens invitent donc leurs contemporains à partager désir de connaissance, respect de la rigueur et distinction des plans ; opération intellectuelle qui appelle analyse et discours critique, l’histoire rejoint l’universel et la part de libération qu’il recèle.

- Bédarida François, Histoire, critique et responsabilité, Complexe/IHTP CNRS, " Histoire du temps présent ", 2003, 358 p.
- " Les historiens et le travail de

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