Naissance du libre échange
Naissance du libre-échange [modifier]
La parution des thèses d'Adam Smith en 1776 n’avait pas manqué d’attirer la curiosité des gouvernants, et dès 1786 la France et l’Angleterre avaient signé un premier traité, dit « Traité Eden-Rayneval », en vue de limiter les entraves au commerce entre les deux pays. Toutefois les troubles de la révolution française et des guerres napoléoniennes retardent pour un temps l’essor du libre-échange.
En fait, les gouvernants restent pour la plupart dans une optique mercantiliste dont la politique se fonde sur la crainte du commerce étranger. Aux États-Unis, Alexander Hamilton, Secrétaire au Trésor, préconise en 1791 la protection des industries du territoire contre la menace de l’industrie britannique. Si le marché américain est envahi par les produits d’une économie britannique de très loin dominatrice, jamais aucune industrie américaine naissante ne pourra survivre14. En Grande-Bretagne, les Corn Laws, qui protégent l’agriculture britannique contre les importations étrangères sont revotées et défendues par les propriétaires terriens, malgré les attaques des économistes classiques. Enfin les états allemands se réunissent dans une union douanière en 1834, le Zollverein, mais suivent les recommandations de Friedrich List consistant à adopter un « protectionnisme éducateur » pour protéger les industries dans l’enfance15.
La lutte pour le libre-échange n’est virulente qu’en Angleterre. Il ne s’agit pas d’un conflit entre deux pays, mais d’une opposition interne entre deux groupes sociaux différents : les propriétaires fonciers d’un côté, les industriels de l’autre. Ses derniers accusent les lois protectionnistes de provoquer une hausse du prix du pain, qui se traduit par une hausse des salaires des travailleurs, et au final une réduction des profits. Cette analyse avait été développée par David Ricardo dès 1817. Il expliquait que la hausse du prix du grain profitait aux