Nerval
C'est bien à une remontée dans le temps que se livre le narrateur : remontée dans l'enfance, amorcée dans le dernier paragraphe du chapitre précédent (« un écho lointain des fêtes naïves de la jeunesse »), et remontée dans le passé national jusqu'à l'époque de Henri IV (T4) : « Je me représentais un château du temps de Henri IV [...] on se sentait bien exister dans ce vieux pays du Valois, où, pendant plus de mille ans, a battu le cœur de la France. » (§ 2). Adrienne, « petite-fille de l'un des descendants d'une famille alliée aux anciens rois de France », et dans laquelle « le sang des Valois coulait », incarne le passé auquel rêve le narrateur.
Le rêve est une seconde vie. Je n'ai pu percer sans frémir ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible. Les premiers instants du sommeil sont l'image de la mort ; un engourdissement nébuleux saisit notre pensée, et nous ne pouvons déterminer l'instant précis où le moi, sous une autre forme, continue l'œuvre de l'existence. C'est un souterrain vague qui s'éclaire peu à peu, et où se dégagent de l'ombre et de la nuit les pâles figures gravement immobiles