Philosophie

Comme l’illustre le mythe de Prométhée énoncé dans le Protagoras de Platon, l’humanité et la technique sont dépendantes l’une de l’autre. Cette dernière est source et condition de la maîtrise de la nature par l’homme ; son rôle initial est d’apporter une réponse aux besoins des hommes en fournissant les moyens de leur satisfaction. Dès le XVIIème siècle, après la naissance des sciences mathématiques de la nature, la science et la technique se lient. Depuis, le progrès des inventions techniques se poursuit, toujours plus rapidement, toujours plus efficacement, à l’échelle mondiale, rendant peut être dépassée la définition instrumentale de la technique. Aussi, peut-on légitimement parler de la neutralité de la technique ?
La technique est étymologiquement un art, au sens de savoir-faire, dont la mise en œuvre permet d’obtenir un résultat déterminé. N’étant qu’un simple outil, il paraît difficile de lui accorder une valeur en soi. Cependant, son progrès infini, les effets négatifs qu’elle entraîne nous conduisent à nous poser la question de son innocence. La technique a-t-elle une valeur ou est-ce l’homme qui la rend dangereuse ou salutaire ? Peut-on réellement n’établir aucune relation entre un moyen et sa fin ? La technique peut-elle devenir un processus qui dépasse l’homme, qui s’impose à lui ?
Dans un premier temps, nous étudierons la thèse selon laquelle la technique est neutre. Puis, nous montrerons les limites de cette thèse en étudiant le rapport qu’un moyen entretient avec sa fin. Enfin, nous montrerons que la technique, du fait qu’elle n’est pas neutre, a un impact non négligeable sur nos sociétés et qu’une vigilance s’impose.

La technique est un ensemble de moyens créé par l’homme qui a ainsi pu pallier les ressources naturelles qui lui manquaient. Elle n’est donc qu’un simple instrument, sans lien avec la fin que l’homme choisit de lui donner. Comment accorder une valeur morale à un outil, à un savoir-faire ? Le moyen