Noces A tipasa
Ce texte sublime a des allures de poème tant Camus joue avec les mots et les figures de style pour servir le lyrisme de ses descriptions : comme cet oxymore présent au tout début du texte pour évoquer Tipasa au printemps "A certaines heures, la campagne est noire de soleil" alors que "la mer [est] cuirassée d'argent". Dès l'incipit, on se laisse porter par la beauté des images , symboles de la "vérité du soleil", seul message philosophique, sans "leçon" autre que celle des sens. Premier des quatre essais du recueil Noces, "Noces à Tipasa" est un hymne vibrant au "grand libertinage de la nature et de la mer qui accapare tout entier." Camus décrit un endroit paradisiaque où les fleurs poussent au milieu des ruines, exaltant leurs couleurs chatoyantes, "bougainvilliers rosat", "hibiscus au rouge encore pâle" , "roses thé épaisses comme de la crème", "iris bleus". Il en parle comme d'un endroit à offrir en cadeau à ceux qu'on aime pour surprendre dans leurs regards éblouis la joie de l'émerveillement. Camus se rendit fréquemment, en 1935 et 1936, dans ce petit village de bord de mer, situé à 70 km à l'ouest d'Alger.
Alors, que nous apprend un tel endroit où "les yeux tentent vainement de saisir autre chose que des gouttes de lumière et de couleurs qui tremblent au bord des cils" ? Camus nous dit que ce lieu magique nous apprend à VOIR, à être totalement soi-même, authentique, sans "aucun