Notion de religion
THOMAS D’AQUIN, Somme théologique, IIa IIae, q. 81, art. 1. Réponse : Pour définir la religion, Isidore adopte l’étymologie suggérée par Cicéron : « L’homme religieux, c’est celui qui repasse et pour ainsi dire relit ce qui concerne le culte divin. » Religion viendrait donc de « relire », ce qui relève du culte divin, parce qu’il faut fréquemment y revenir dans notre c' ur ; selon Proverbe (3, 6) : « En toutes tes démarches pense à lui. » Mais on peut aussi entendre la religion du devoir de « réélire » Dieu comme le bien suprême délaissé par nos négligences, dit S. Augustin. Ou bien encore, toujours avec S. Augustin on peut faire dériver religion de « relier », la religion étant « notre liaison au Dieu unique et tout-puissant ». Quoi qu’il en soit de cette triple étymologie, lecture renouvelée, choix réitéré de ce qui a été perdu par négligence, restauration d’un lien, la religion au sens propre implique ordre à Dieu. Car c’est à lui que nous devons nous attacher avant tout, comme au principe indéfectible ; lui aussi que, sans relâche, notre choix doit rechercher comme notre fin ultime ; lui encore que nous avons négligé et perdu par le péché, et que nous devons recouvrer en croyant, et en témoignant de notre foi.
Émile DURKHEIM, Les formes élémentaires de la vie religieuse, I, i. Une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c’est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous ceux qui y adhèrent. Le second élément qui prend ainsi place dans notre définition n’est pas moins essentiel que le premier ; car, en montrant que l’idée de religion est inséparable de l’idée d’Église, il fait pressentir que la religion doit être une chose éminemment collective.
Roger CAILLOIS, L’Homme et le Sacré, I. Toute conception religieuse du monde implique la distinction du sacré et du