Bodu pendu

Par ce temps radieux, le soleil jaunâtre palissait l’herbe, si verte autrefois. Le ciel, d’un bleu océan, rendait le paysage sublime, tel le Grand Canyon. En parallèle, rien n’était plus triste que les toits de Paris, marron délavé et sentant le moisi, comme si la pluie était tombée des jours durant sans s’arrêter. Au coin de la rue, un bourreau, d’une sérénité rare pour la profession, était pour l’heure, prêt à exécuter Mr Bodu. Vêtu d’une cape noire ornée d’une longue capuche de la même couleur affreuse, et d’un pantalon de seconde main, on avait la morne impression qu’il était envoyé par Satan lui-même. Il était prêt depuis sept heure du matin et devait se rendre sur la célèbre place des Vosges. Construite sur un plan quasi carré, elle était bordée d’habitations sur deux étages en briques rouges qui contrastaient avec les tuiles couleur ardoise des toits. Seuls, les pavillons du roi et de la reine, se tenant face à face, étaient plus élevés que les bâtiments. La place devait accueillir le bourreau pour une pendaison à midi pile. En effet, le sombre personnage devait exécuter Vincent Bodu, ignorant que ce dernier était innocent.
Effectivement, quatre jours auparavant, tandis que Vincent était sorti du magasin du marchand d’épice oriental situé à deux lieux de son appartement, dans une rue pavée, éblouissante de lumière et où les somptueuses boutiques avaient attiré une foule étourdissante, Vincent s’était retrouvé encerclé. Lorsqu’il avait levé la tête, il s’était aperçu qu’il était nez à nez avec une horde de policiers. L’uniforme était rouge bordeaux et les coutures d’un jaune éclatant ; leurs bottes en cuir marron leur montaient jusqu’aux cuisses et leurs perruques blanches contrastaient avec le teint mat de certains. Il était donc face aux épées des gendarmes du roi et ignorait complètement quelle en était la raison.
« - Vincent Bodu, veuillez nous suivre, ou nous aurons recours à la force, déclara l’un des officiers.
- Quel est le