Nouvelles
S’il m’était permise de vous conter une histoire, je ne m’approprierai ni la vôtre ni celle d’autrui et clamerait ma transparence quand à la mienne, que je dévoile par nécessité…
Quand la voix des sages fait silence, parle la voix des masques.
« Si je reste un jour sans écrire, la cicatrice me brûle… »
Les mots
Minuit
Il n’est pas bien tard. Un vent glacial s’est engouffré par l’entrechat de la fenêtre de ma chambre, me plumer une partie de mes rêves. La cape nocturne se démet lentement de mes épaules, comme si, pour la nuit, elle m’avait habillée. Je la sens repartir, ne me laissant que la chair sur les os, déjà si tôt. Je sens le souffle d’une brise frapper ma nuque, l’estampiller d’une bise glaciale. Je sens une voix me prévenant : « au revoir, je courre déjà dehors où il fait froid, je te reverrai ce soir ». Mes paupières se plissent, je m’éveille alors persuadée d’être aimée. Cette empreinte sur le haut de mon cou, scelle avec politesse le pacte qui me lie à la nuit ; celui de me faire oublier le contenu de mon sommeil, au lever du jour. Ce bout de chair au ras des cheveux, marqué, poinçonné, donne à mon esprit l’impression formelle de ne pas avoir rêvé, que tout s’ordonne, si tangible et palpable, et surtout qu’un vent frisquet s’installe dans mes quartiers. Je bondis hors du lit, ferme la fenêtre tandis que dehors, sept heures quatre minutes vrombissent.
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De l’autre côté du parc de la demeure, la micheline du matin perce le petit ciel du village frigorifié. La loco bazarde loin au devant des jets de lumières fumeux déchirant la voûte brumeuse en esclandre fantastiques. Des zébrures bondissent en éclairs extravagants sabrant l’éther en une cheminée gigantesque. Un fût d’éruptions mauves et roses préviennent une aube fabuleuse. Je me tourne un instant d’où je rêve trop, rattrapée par un quotidien inévitable : la chambre n’est