oiseau étrange
Encore une dernière ligne et je me sens d’avoir fini mon travail. Je tiens le dessin plus loin de moi avec les doigts tout noirs, couverts en graphite, je cligne un peu mais le résultat me rends déçue. Pas bon. Quelque chose me manque tellement que je ne suis pas capable de dire. Dans ma mémoire, il était si vif mais comme ça... juste quelques rayures sur un morceau de papier. Il ne peut pas battre le réalité. J’essaie d’approfondir la ride entre ses sourcils stricts mais c’est encore pire. Maintenant il ressemble plus étrange qu’avant. Je déteste ce sentiment ! Comme je ne pourrais pas l’oublier, il apparaît dans toutes mes pensées dormantes et ça n’aide plus si je le dessine. Rien ne peut le rétourner dans une copie, il peut être juste une ombre, une projection pâle, un petit éclat de lui. Mais qu’est-ce qu’il y a si j’ai besoin de toute son essence, son être complet en fait? Je suis aussi assoiffée de son seul coup d’oeil qu’un noyé a soif d’un brin d’air, j’ai aussi envie de sa proximité que les rayons du soleil après un long hiver. Ça peut être une maladie. En outre, c’est sûr parce que je ne peux pas sentir une chose comme ça dans ce petit corps à moi. Dans cette poitrine étroite comment pourrait cacher quelque chose si forte et profonde?
Je regarde le dessin à nouveau. Ce n’est vraiment pas lui. S’il était réellement lui, les traits sévères ne rigidifieraient pas son visage comme une sculpture. Oh, il pourrait me mépriser maintenant pour le comparer aux idoles. Il tournerait ses mots pénibles contre moi comme une arme qui serait son système de protection. Et s’il m’atteignait, je ne verserais pas de larmes. Ainsi que ce soit et je serai contente. Mais pour moi, l’image ne suffit pas, je pourrais lire tant de secrets de la noirceur étincelant de ses yeux à lui, celui-ci a un regard vide et triste. Ses lèvres sont un peu ouvertes comme elles seraient en train de dire quelque chose. Si seulement il disait ! N’importe quoi... Pour me faire