Lettre genevoise 23
Oligarques de tous les pays…

Mikhaïl Khodokorvski et Allassane Ouatara ont les faveurs des médias et de la « communauté internationale ». Symétriquement, Vladinir Poutine et Laurent Gbagbo sont voués aux gémonies.

Les sourires charmeurs de Mikhaïl et d’ADA (diminutif d’Alassane Dramane Ouattara) dissimilent leurs rôles dans des enjeux qui les dépassent. Ils appartiennent à cette élite mondialisée décrite par Zygmunt Bauman, qui mériterait plus rigoureusement l’appellation d’oligarchie cosmopolite.

Tous deux ont partie liée aux affaires et à la politique internationales. L’épouse d’ADA est une femme d’affaires de nationalité française connue pour son art de l’intrigue et son entregent. Elle s’est trouvée associée à l’ajustement structurel et à la privatisation impulsés par son époux (ils sont mariés par Sarkozy à Neuilly en 1990) pendant que celui-ci était Premier ministre. Elle fait prospérer ses entreprises immobilières à partir de la gestion du patrimoine ivoirien ; d’aucun parlent de prédation Elle se lance ensuite dans la gestion de la chaîne de coiffure Jacques Dessange aux Etats-Unis. ADA lui-même fait alterner affaires publiques et intérêts privés, en Afrique, au FMI (où il fait une partie de sa carrière avant de devenir directeur adjoint) ou aux Etats-Unis.

La carrière de Mikhaïl Khodokorvski est plus connue. Il fait partie de ces dirigeants russes qui ont construit leurs fortunes sur les décombres bradés de l’économie soviétique, grâce à Boris Eltsine notamment. C’est la période de transition précipitée à l’économie de marché, erreur aujourd’hui admise par Jeffrey Sachs, l’un de ceux qui la mirent radicalement en œuvre.

ADA et Khodokorvski sont des dirigeants de la gouvernance post-moderne; ils incarnent la mondialisation financière, que Michel Beaud nomme plus judicieusement le SNMH (Système National Mondial Hiérarchisé)

Au-delà d’eux, à travers eux, se dessinent les rivalités économiques et politiques des