Olympe de gouge
Olympe de Gouges - ICONO/SIPA
Un siècle et demi avant l'écriture du Deuxième Sexe par Simone de Beauvoir, une femme, Olympe de Gouges, avait voulu trancher l'hydre de la misogynie, ce frein entravant l'évolution des sociétés. Malheureusement, c'est sa tête à elle qui roula sur l'échafaud de la Terreur en 1793. Victime de son sexe, victime de ses idées trop humanistes, trop révolutionnaires pour la Révolution elle-même, victime aussi de son origine de classe. Son corps, lui, se retrouva à la fosse commune : son fils, Pierre Aubry, l'ayant reniée pour sauver sa propre tête du « rasoir national ».
Destin transgressif
Comme l'histoire est assez ingrate avec certains de ses « grands hommes », la pionnière Olympe de Gouges a dû subir une injustice supplémentaire : celle qui osa écrire, en 1791, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, acte fondateur d'un féminisme qui ignorait encore son nom, fut reléguée aux oubliettes par... les féministes. Quand elle ne fut pas considérée, au mieux, comme une courtisane par l'écrivain Restif de la Bretonne, qui la classa dans sa liste des prostituées de Paris, elle passa, au pis, pour une malade mentale, une « folle » selon l'historien Jules Michelet, une hystérique atteinte de paranoïa reformatoria (folie réformatrice) pour le Dr Guillois, docteur du service de santé des armées, auteur, en 1904, d'une étude consacrée aux femmes de la Révolution.
Jusqu'à ce que l'historien Olivier Blanc, en 1981, vienne l'extirper de cet injuste oubli avec une biographie fouillée et fort documentée, Marie-Olympe de Gouges, une humaniste à la fin du XVIIIe siècle. Et qu'Anne Hidalgo, la première adjointe au maire de Paris et candidate à la succession de Bertrand Delanoë en 2014, propose de la faire entrer au Panthéon. La patrie est toutefois aussi sexiste que lors de la conversion du monument d'église en caveau de la République, à l'occasion de la mort de Mirabeau, en 1791. En 2013, sur 71