Olympe de Gouges
Comme l'histoire est assez ingrate avec certains de ses « grands hommes », la pionnière Olympe de Gouges a dû subir une injustice supplémentaire : celle qui osa écrire, en 1791, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, acte fondateur d'un féminisme qui ignorait encore son nom, fut reléguée aux oubliettes par... les féministes. Quand elle ne fut pas considérée, au mieux, comme une courtisane par l'écrivain Restif de la Bretonne, qui la classa dans sa liste des prostituées de Paris, elle passa, pour une malade mentale, une « folle » selon l'historien Jules Michelet, une hystérique atteinte de paranoïa reformatoria pour le Dr Guillois, docteur du service de santé des armées, auteur, en 1904, d'une étude consacrée aux femmes de la Révolution.
Mais, avec Olympe de Gouges, c'est une tout autre histoire. Elle a eu, comme la philosophe et astronome Hypathie dans l'Alexandrie du IVe siècle, le tort d'être une personnalité hors normes, d'avoir une tête trop bien faite pour son temps, d'être en avance de quelques siècles. Pourtant, rien ne la prédestinait à penser et à vivre autrement que les femmes de son milieu. Cette petite provinciale de Montauban, née en 1748 des amours illégitimes d'un marquis, Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, épicurien, ami des lettres et auteur d'une Didon qui en fit à jamais l'ennemi personnel de Voltaire, et d'une fille du peuple,