On ne badine pas avec l'amour act 1 scene 3
Camille et Perdican, en effet, étaient promis l'un à l'autre depuis longtemps et la rencontre trop habilement combinée par le baron devait préluder à un mariage heureux. Mais chacun d'eux repousse à son tour l'heureux projet en se laissant aller à un mouvement de vanité.
Camille ouvre le jeu : à la joie admirative de Perdican, elle répond avec froideur, de façon hautaine, elle renie "ce pauvre temps passé, si bon, si doux" qui fait encore rêver son cousin (I, 3). Cet orgueil là n'est pas bien dangereux : on peut y voir la réaction d'une "grande fille" désireuse de se poser dans le monde ; ne déclare-t-elle pas : "Je ne suis pas assez jeune pour m'amuser de mes poupées, ni assez vieille pour aimer le passé" ? Ce ne serait cependant pas une raison suffisante pour refuser l'union projetée. Il y a un secret, Camille l'avoue quand elle rompt assez brusquement en jouant les cœurs secs devant un Perdican qui s'incline devant sa dérision, sans cacher ses véritables sentiments : "Ton amour m'eût donné la vie, mais ton amitié m'en consolera" (II, 1). Pour révéler ce secret, Camille provoque la rencontre auprès de la fontaine ; elle se fait alors provocante à plus d'un titre. D'abord, en accordant tout ce qu’elle avait jusqu'ici refusé : la main, le baiser, la causerie de bonne amitié ; ensuite, en se montrant agressive, par la façon de s'expliquer ("Je vous ai paru brusque et hautaine ; cela est tout simple, j'ai renoncé au monde"), par les questions qu'elle pose pour embarrasser Perdican (Combien de maîtresses a-t-il eues ? A-t-elle raison de se faire religieuse ?). Pourquoi tout cela ? Parce qu'elle a vu trop de désespérées dans son couvent, et la plus proche d'elle, son amie Louise. C'est ce qu'elle déclare. En réalité, Camille se livre plus ou moins consciemment à un jeu qui satisfait son orgueil naturel pour affirmer son personnage : en jeune personne trop bien renseignée sur les amours humaines sans avoir jamais eu le cœur pris, elle se donne