Peintre, sculpteur, photographe, performeur, ORLAN est une artiste complète et complexe. Elle utilise son propre corps comme sujet de ses œuvres, champ d’expérimentations et œuvre même. À travers l’ensemble de ses œuvres et son manifeste, elle définie ce qu’est l’Art Charnel, une véritable « mise en culture de soi »1par les moyens technologiques. Née en 1947 à St Etienne, elle se fait connaître dès les années 60 pour ses œuvres provocatrices et ses engagements contre toute forme de pressions et diktats sociaux notamment pour les femmes. Son Baiser de l’artiste la rend célèbre en 1977, elle vend ses baisers devant une photographie de son buste devenue tirelire ou derrière un cierge éclairant une image d’elle en madone « dénonçant ainsi le mythe de la femme : vierge ou putain »2. Elle crée le Symposium de la performance à Lyon en 1978. Elle explore ensuite l’iconographie religieuse baroque avec sa série Le drapé/le baroque/Sainte-Orlan, interrogeant l’identité du corps. En 1989, elle imagine le pendant masculin à L’Origine du monde de Courbet avec l’Origine de la guerre. Cette même année, elle écrit son Manifeste de l’art charnel, art qu’elle définit comme « un autoportrait au sens classique mais réalisée grâce aux possibilités technologiques. Il oscille entre défiguration et refiguration.[…]Le corps devient un « ready-made » modifiable »3. Elle l’applique en programmant, de 1990 à 1993, une série de 9 opérations chirurgicales-performances, Images/ Nouvelles Images, dont la dernière Omnipresence, la mise en place des implants sur ces tempes est diffusé en direct à Paris et New York. ORLAN s’intéresse en particulier aux technologies émergentes en créant le premier magazine d’art contemporain en ligne sur le minitel, Art-Accès-Revue. De 1998 à 2002, elle utilise des images numériques, avec Self-hybridations, modifiant virtuellement son apparence pour se rapprocher des canons des civilisations précolombiennes, africaines et amérindiennes. Dernièrement, elle mêle art et