Osiris oula fuite en egypte
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Ce poème de Prévert tiré des Paroles est écrit en 1945, à la fin de la deuxième guerre mondiale.
Le poème paraît simple mais on y retrouve plusieurs thèmes propres à l’auteur, comme l’amour, la guerre, la mort, l’art, et le mystère, dans un espace entièrement indéfini, universel, presque surréaliste (nous savons que Prévert a longtemps côtoyé les artistes dits surréalistes).
Or, Prévert est principalement reconnu pour le réalisme quotidien de son écriture, sa simplicité populaire, son humour de chaque instant. Ainsi il serait intéressant ici de distinguer ce qui ressort du réel et ce qui ressort du rêve, en sachant que parfois c'est le rêve qui révèle la réalité. Osiris ou la fuite en Egypte
C'est la guerre c'est l’été
Déjà l’été encore la guerre
Et la ville isolée désolée
Sourit sourit encore
Sourit sourit quand même
De son doux regard d’été
Sourit doucement à ceux qui s’aiment
C'est la guerre et c'est l’été
Un homme avec une femme
Marchent dans un musée
Leurs pas sont les seuls pas dans ce musée désert
Ce musée c'est le Louvre
Cette ville c'est Paris
Et la fraîcheur du monde
Est là toute endormie
Un gardien se réveille en entendant les pas
Appuie sur un bouton et retombe dans son rêve
Cependant qu’apparaît dans sa niche de pierre
La merveille de l’Egypte debout dans sa lumière
La statue d’Osiris vivante dans le bois mort
Vivante à faire mourir une nouvelle fois de plus
Toutes les idoles mortes des églises de Paris
Et les amants s’embrassent
Osiris les marie
Et puis rentre dans l’ombre
De sa vivante nuit.
Jacques Prévert (1900-1977), Paroles (1945).
1) Une réalité bel et bien concrète : la guerre
- Tout d’abord cette scène évoque une journée d’été durant la seconde guerre mondiale : le substantif « guerre » est utilisé à trois reprises souligné ou par le présentatif « c'est » ou par l’adverbe « encore », lequel rend compte d’une continuité : c’était la guerre avant cette scène et