Panda
94 n1
0
Lycée
SUPPLÉMENT GRATUIT
P É D A G O G I Q U E
NOVEMBRE 2009
N O U V E L L E
R E V U E
De Gaulle, écrivain
Le style d’un destin
« Toute ma vie je me suis fait une certaine idée de la France. » La première phrase des Mémoires de guerre de Charles de Gaulle appartient au répertoire des incipit célèbres de notre littérature, au même titre qu’un « Longtemps je me suis couché de bonne heure », dont elle partage le rythme. Pourtant, l’œuvre de De Gaulle est très peu abordée en classe de français, l’homme politique étudié en histoire effaçant l’homme de lettres, alors même que, pour reprendre le mot de Mauriac, « le général de Gaulle a le style de son destin ». C’est dire ici l’égale importance de l’œuvre littéraire et historique. Le présent supplément invite à cette (re)découverte. Le groupement de textes proposé part de l’Appel du 18 juin, document exemplaire du lien indissociable entre la force du verbe et la grandeur de l’action historique : « Le destin du monde est là. » L’art du portrait fait l’objet de l’étude suivante, à travers Jean Moulin (« [Il] mourrait pour la France, comme tant de bons soldats qui, sous le soleil ou dans l’ombre, sacrifièrent un long soir vide pour mieux “remplir leur matin” » et Mussolini (« Ayant voulu trop embrasser, il ne lui restait rien à étreindre »). Les pages sur l’enfance, l’adolescence et la retraite à la Boisserie permettent, quant à elles, de lire une pratique originale de l’autobiographie, à la fois très construite et ouverte sur l’élégie, lorsque le général évoque, par exemple, les « heures [qui] s’écoulent, où lisant, écrivant, rêvant, aucune illusion n’adoucit [s]on amène sérénité ». Enfin, Charles de Gaulle a été un lecteur infatigable, et comme tout grand auteur, sans doute n’a-t-il écrit que pour avoir beaucoup lu. Son rapport à la République des lettres constitue ainsi le dernier volet de cette présentation de Gaulle écrivain. Car