Paradox of praxis (sometimes doing nothing leads to nothing)
Où l’artiste pousse un bloc de glace jusqu’à ce qu’il soit entièrement fondu : « La dispersion laisse voir un paradoxe, comme le titre le suggère. Si l’objet disparaît (le bloc de glace), son effacement produit en retour un déplacement vers une autre sorte de mobilité où c’est le geste qui survit par le récit de ceux et celles qui raconteront leur version ou plutôt leur portion de l’histoire de cette étrange glace. Raconter implique de disséminer dans l’espace et dans le temps. » En effet, toutes ses promenades fonctionnent comme des fables, ou des paraboles, dont la structure est semblable à celle d’une narration, afin que l’on puisse se les approprier, et les transmettre. Raconter une histoire permet de continuer le mouvement de la marche, de se disperser dans la ville. Lors de l’élaboration d’un scénario, l’artiste cherche à le simplifier au maximum afin d’arriver à l’anecdote, car « si on peut réduire le propos à une petite histoire qui se transmet, elle n’appartient plus à personne, elle se socialise et elle fait tache d’huile. Elle peut se reproduire à l’infini. »Il accepte ainsi que son histoire se dégage du créateur pour se répandre de bouche-à-oreille. « Il déclenche une propension narrative dont il perd le contrôle. En faisant exister le geste à l’attention d’une mémoire potentielle, le récit apparaît comme une autre manifestation de la mobilité et du déplacement urbain. » Il s’émancipe ainsi de la production et reproduction d’œuvre d’art, de l’objet, symbolique, sacré et matériel qu’elle est censée être. Francis Alÿs affirme d’ailleurs que ses travaux les plus aboutis sont ceux qui n’ont pas besoin d’avoir recours aux documents ; l’anecdote se passe de l’image pour être véhiculée. « C’est aussi une réaction face à l’immensité des interlocuteurs urbains ; insérer un objet est si futile, que s’insérer à travers une histoire et la mémoire d’un lieu pourrait être une méthode