Topos fenetre
- « Alors Monsieur Philipe, comment ça va aujourd’hui ? »
Ainsi elle me parlait sans vraiment y faire attention comme on le fait avec les personnes âgées. Elle faisait ce métier depuis dix ans, et venait me voir de puis huit. Chaque jour, elle me levait, me lavait, me séchait, m’habillait, me nourrissait, me soignait. Alors, une fois sa mission accomplit, une fois qu’elle avait vérifiée ma tension une énième fois, elle poussait mon fauteuil sur le balcon, me souriait.
- « A demain Monsieur Philipe. »
L’air était doux, les nuages rares. Les immeubles se découpaient sur une atmosphère polluée. On entendait le bruit incessant des voitures se croisant sur le périphérique. Devant ces immeubles, la ligne de chemin de fer reliant Clichy à Paris séparait la capitale de sa banlieue. Une rafale de vent secoua le platane surplombant « L’amicale Bouliste de Clichy ». Un des boulistes, releva la tête, m’aperçut et me fit un signe de la main. Il y’a une vingtaine d’année, jeune retraité, je gagnais le tournoi de l’amicale. Les boules m’éloignaient de l’ennui et de la solitude. J’étais heureux, bien entouré, et épanoui. Puis tout a changé, ma paralysie, le cancer de Georges, l’impossibilité de bouger, l’accident de Maria. Maintenant, j’étais seul, face à cette banlieue. La banlieue, paillasson de Paris, où tout est oublié. Cloué sur mon fauteuil, j’apercevais une famille du quartier, la mère relisant sa liste de courses, les enfants arborant fièrement leurs tenues de