PARLER, N’EST-CE PAS TOUJOURS S’ENGAGER ?
L’enjeu : On veut montrer qu’en tout acte de parole il y a un engagement, que celui-ci soit conscient ou non. On pourra tout d’abord montrer positivement en quoi parler c’est s’engager, c'est-à-dire mettre en lumière les dimensions expressives, performatives du langage, puis chercher les limites en se demandant s’il n’existe pas des actes de langue dans lesquels on ne s’engage pas. On en sera amené à considérer d’une manière plus précise la notion d’engagement.
INTRODUCTION
Donner sa parole, au sens de promettre, c’est s’engager vis-à-vis de quelqu’un à accomplir un acte dans un délai imparti. La parole en ce sens revêt une signification bien spécifique : elle porte en elle un contrat, engage l’avenir de la personne, le lie en quelque sorte aussi bien dans le présent que dans le futur. Lorsque la promesse n’est pas tenue, on considère qu’il y a faute, et la faute ne tient pas à la nature de la parole, mais au manquement du prometteur. En ce sens la parole engage donc la personne. Mais ne peut-on pas élargir cette conception ? Toute parole n’est-elle pas un peu une promesse, promesse de soi au monde, engagement vis-à-vis des autres ? Parler, n’est-ce pas toujours s’engager ? L’on pourrait opposer à la parole considérée comme promesse, utilisée rarement, et seulement pour les situations graves, les paroles anodines prononcées le plus souvent sans réfléchir, les hypocrisies mondaines où l’on ne pense pas ce que l’on dit et où l’on ne dit pas ce que l’on pense, et voir dans ces divertissements, une manière de ne pas s’engager. Mais si l’on ne s’engage pas dans ce que l’on dit, n’est-on pas d’une certaine engagé malgré soi, au point qu’il faudrait se demander s’il est encore possible de se dégager ? en quel sens parler est s’engager
La promesse
La parole est porteuse d’un engagement : dans la promesse il y a un acte de parole qui lie deux ou plusieurs personnes ensemble dans l’avenir. En donnant sa parole on s’engage à