Non est beaucoup plus difficile à dire. Dire non, c'est se construire, c'est utiliser l'avis, la pensée des autres pour former la sienne. Si on prend l'exemple des adolescents, ils sont à un âge ou le corps grandit, certes, mais plus que cela, c'est leur esprit qui se forme et pour cela il est indispensable et vital qu'il se "rebellent" comme on dit familièrement, qu'il construisent leur vision du monde en réfutant celles qui ont prévalu. Cet esprit de contradiction est celui-même qui formera l'esprit de l'adulte qu'il sera plus tard. Dire non, c'est stopper le flot de paroles, c'est arracher le micro et le pointer sur soi, c'est arrêter le temps l'espace d'une seconde en supportant le regard des autres et son propre regard sur soi même. Dire non, c'est présenter au monde sa pensée, c'est oser devenir une possible cible de critique. Dire oui, à l'opposé, est la façon la plus simple de se fondre dans la foule et de se refuser au monde, c'est une porte fermée vers l'extérieur c'est une prison pour la pensée. Seulement, dire oui peut aussi être un moyen de s'auto-dire non. Si l'on reprend l'exemple d'un enfant réprimandé, il peut s'avérer qu'il dise oui et qu'il accepte les paroles de celui qui le réprimande comme la pensée parfaite, celle sur laquelle il faut se calquer, mais la plupart du temps, il dira non au profond de lui même et dans son coeur, là où personne ne pourra jamais l'en extirper. Ainsi dire oui peut en fait être tout simplement le fait de ne pas dire non, qui est en soit un non au non. Un refus d'ouverture préméditant peut être l'explosion qui se produit à adolescence où l'individu sent qu'il devient physiquement égal voir supérieur aux forces qui lui étaient avant supérieures. Il comprend qu'il peut et donc, il ose pour enfin retrouver son vrai soi. Celui qui, lorsqu'il était petit, était caché au fond de son coeur et qui ressort à cette période de sa vie. Dire non est donc loin d'être facile, c'est devoir créer soi-même un nouvel univers sans