Penser les mouvements sociaux en amérique latine
´ D’AMERIQUE LATINE
LES APPROCHES DES MOBILISATIONS DEPUIS LES ANNÉES 1970
Camille Goirand partir de la fin des années 1960, c’est dans l’ensemble du monde occidental que se sont multipliés des mouvements sociaux dont la sociologie a vite souligné les « nouveautés ». Tant l’Europe que les États-Unis ou l’Amérique latine ont ainsi vu éclore de « nouveaux mouvements sociaux », qui ont contesté l’ordre social en Europe occidentale et aux États-Unis après 1968, ou ont été acteurs des oppositions aux régimes autoritaires d’Europe de l’Est et d’Amérique latine à partir de la fin des années 1970 et du début des années 1980. S’ils diffèrent par leur organisation et leurs revendications, les mouvements pacifistes ou de défense des droits de l’homme, les mouvements de femmes, d’homosexuels, de noirs, d’écologistes, de quartier... présentent des caractéristiques communes qui ont incité certains sociologues à construire une catégorie d’analyse distincte, celle des « nouveaux » mouvements sociaux. Pourtant, selon les lieux et les périodes, les spécificités propres à chacun des mouvements inclus dans cette catégorie sont frappantes. Aux États-Unis, le mouvement des droits civiques s’est développé à partir de 19551 ; il a ensuite laissé place à des mouvements identitaires plus violents dans les années 1970, construits autour de l’affirmation de la fierté et de la dignité d’être noir, alors que se renforçait l’opposition à la guerre du Vietnam sur les campus. Dans le même temps, en Amérique latine, après l’échec de la plupart des guérillas marxistes-léninistes d’inspiration cubaine2, dont la mort de Che Guevara en Bolivie en octobre 1967 a marqué la défaite de façon symbolique, les églises catholiques de la théologie de la libération ont porté et soutenu des mobilisations qui, affirmant la dignité des pauvres et des humbles face au pouvoir politique, ont contribué à structurer progressivement les oppositions aux régimes militaires. En Europe