Pensez vous que l'on puisse traiter des sujets graves et sérieux sur le
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« Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligée d’en pleurer », lance Figaro à son maître le comte Almaviva, dans le Barbier de Séville de Beaumarchais. Il entend par là que le fait de traiter certains évènements de manière détachée, en plaisantant, permet de mieux les affronter. On remarque en effet que les auteurs des Lumières ont privilégié le ton comique et ironique, alors même qu’ils abordaient des sujets sérieux. Ainsi dans Candide, Voltaire engage une réflexion sur des problèmes graves tels que l’esclavage, la torture, la guerre, le, fanatisme religieux, ou encore l’injustice politique, de façon plaisante. Marivaux, dans La Colonie, choisit la légèreté de la comédie pour montrer le mépris que subissent les femmes dans la société. Au XXème siècle encore, l’humoriste Pierre Desproges manie l’ironie lorsqu’il s’interroge sur le destin inéluctable de l’être humain. On peut alors se demander dans quelle mesure le ton comique et ironique est adapté et efficace à une réflexion sur des thèmes tragique portant sur la vie, la mort et les faits sociaux, et si le parti pris de rire de tout n’a pas de limites. Nous analyserons dans un premier temps la manière dont l’humour et le comique permettent de rendre un vaste public plus réceptif à des sujets graves. Puis nous étudierons dans un second temps la fonction libératrice du rire, qui désamorce l’angoisse liée à des situations tragiques. Enfin, nous nous interrogerons sur les limites du parti pris de rire de tout.Tout d’abord, le choix de traiter de sujets graves et sérieux sur un ton comique et ironique répond à une fonction argumentative : le rire permet de sensibiliser un public à une réflexion sérieuse et donc de diffuser une critique, tout en jouant sur la persuasion.En effet, le rire est séduisant, il présente l’avantage de détendre le lecteur ou le spectateur, et de lui éviter l’ennui. Il permet par conséquent d’intéresser le public à des injustice telles que la guerre, la tyrannie et l’esclavage sans pour