Petite plaidoirie: enfant soldat.
« J’ai été initié à l’art de la guerre au Libéria. J’avais 8 ans. Un officier libérien nous apprenait à manier la kalachnikov. Et un sorcier guinéen nous faisait boire du sang, manger des cœurs de prisonniers »
Celui qui parle ainsi s’appelle Ibrahim. A 14 ans, il était « général » d’une Small boys Unit, d’une unité de 50 enfants-soldats. A 16 ans, il a changé d’identité pour devenir « Général Share Blood » . Share Blood, le sang partagé .... « mes hommes savaient que je devais boire une coupe de sang humain chaque matin. Si nous avions un prisonnier, je lui coupais moi-même la tête avec une machette. Sinon j’envoyais mes boys chercher un prisonnier ailleurs ou capturer un civil. Ensuite je mélangeais mes drogues dans le sang. Cette cérémonie me donnait du courage et de la clairvoyance. C’est ainsi que j’étais le meilleur soldat ».
Share Bood ne cache pas qu’il commandait son unité par la terreur. « Si un gamin commettait un crime, refusait d’obéir à un ordre, je lui appliquais une feuille enflammée sur les yeux. Ca le rendait aveugle. Et si un des enfants tentait de s’enfuir et était capturé, mes combattants préféraient l’exécuter eux-mêmes, sachant que s’ils l’amenaient jusqu’à moi, ce serait terrible ». Ibrahim (encore appelé Share Blood), pense que, dans la forêt, « avec un fusil, du sang et des drogues, on est un roi »
Mais ceci, c’est du passé Ibrahim a rejoint le programme de réinsertion de l’association humanitaire Children Associated with War. Il tente de reconstruire son identité. Il pense avoir vaincu son accoutumance à la drogue. Il se sent en revanche « bizarre, le matin, sans la tasse de sang ».
Cela se passe en Afrique, en Sierra Leone, qui connaît la guerre civile depuis 1991. « la sauvagerie des hommes a accompli le reste. L’homme peut devenir un animal. Les enfants sont forcés de commettre des crimes, puis ils y prennent du plaisir, un plaisir sauvage. Ils aiment inspirer de la peur aux civils et du respect à