« Pour s’exprimer d’une façon personnelle, il n’y a que l’art », écrit Proust. Selon lui, l’art est ce qui nous permet d’aller au plus loin dans notre différence pour mieux exprimer notre « moi » intérieur et nous faire comprendre des autres. Donc, à travers ses œuvres, un artiste peut exposer à autrui ses idées, sa façon de penser ; ou bien son ouvrage peut se révéler comme inutile et gratuit tout en faisant apparaître – selon Hannah Arendt dans La Condition de l’homme moderne – un monde auquel l’homme peut s’accorder, car « la source immédiate de l’œuvre d’art est l’aptitude humaine à penser » (Hannah Arendt). Ainsi, on peut se demander si l’œuvre d’art a quelque chose à nous dire ?
Nous allons voir en quoi l’homme est-il en mesure d’interpréter une œuvre d’art, puis en quoi son message n’est pas forcément accessible à tous, et enfin en quoi une création se veut porteuse de la pensée de son auteur.

Selon le peintre Fernand Léger, l’homme, victime de son époque « critique, sceptique, intelligente », est persuadé que chaque œuvre a une signification et qu’il est nécessaire d’établir une recherche de vérité pour chacune de celles qu’il aura pu contempler. Il en oublie par cela d’apprécier l’ouvrage dans son ensemble, et même de juger si l’œuvre en question lui plaît ou non car il réprime sa sensibilité pour se vouer entièrement à son analyse « rationnelle ». L’homme en général est très souvent aveuglé par des idées préconçues qu’il a concernant des œuvres qu’il ne connaît pourtant pas forcément. Or, chacun est libre de définir par lui-même ce qu’il considère comme une œuvre d’art, que ce soit dans l’ouvrage qu’il a personnellement entrepris ou un édifice célèbre qu’il observe. L’essentiel est que l’œuvre en question provoque en soi l’admiration. Ainsi, on pourra estimer que les pyramides de Gizeh par exemple sont de véritables œuvres d’art, tout comme son propre abri de jardin qu’on aura bâti avec soin et application, et dont on éprouvera de la fierté. Dans