Peut-on parler de comportement naturel au sujet de l'homme?
Dire d’un comportement qu’il est naturel c’est affirmer qu’il est conforme au vrai et au bien. La question nous demande donc de juger des fondements de nos jugements moraux. Si on ne peut tenir l’inceste pour un comportement contre nature, faudra-t-il le considérer comme moralement acceptable ? Ce qui fait difficulté c’est de ne pas confondre la normalité, toute relative, de nos actes, avec leur naturalité. Notre problème sera donc de savoir si l’idée de nature peut-être un critère de nos jugements moraux.
On s’imagine habituellement que notre mode de vie ordinaire est conforme à un idéal de vie, que nos comportements (parler, manger, se vêtir,…) sont conformes à ce que la nature aurait prévu pour notre espèce. Mais ce n’est là qu’un préjugé ethnocentrique en vertu duquel les mœurs d’une communauté sont meilleures que celles des autres.
En effet, il y a autant de différences comportementales d’individu à individu qu’entre peuples. Dans le cours des affaires humaines on ne trouve rien de constant. C’est ce qui frappe quand on compare l’homme à l’animal.
L’homme a des besoins, mais il lui manque les instincts pour lui dicter la manière de les satisfaire. L’homme est le seul vivant capable d’affirmer sa liberté. Par là il est en rupture d’avec la nature et doit inventer les moyens de satisfaire ses besoins. Ainsi, n’étant plus conduits par l’instinct, c’est-à-dire par un programme innée qui dicte un comportement stéréotypé, nous pouvons affirmer qu’il n’y a plus de comportement naturel chez l’homme.
Nous serions alors victimes d’une illusion par laquelle nous confondons un jugement naturel à un jugement conforme à une norme sociale. Il peut nous sembler tout aussi naturel de manger avec couteau et fourchette que pour un lion de se jeter sur la gazelle. C’est prendre le relatif pour de l’absolu. La diversité des choix comportementaux chez l’homme fait problème.