Peut on parler d'homme sans culture
Occupez déjà cette position ; fortifiez là. Si vous rencontrez quelque colonel de pensée, demandez lui s’il est d’usage d’adorer ou seulement de respecter les faits. Non. Les faits, il faut en tenir compte ; il faut même y faire grande attention. Et, au contraire, le respect et le culte vont, comme d’eux-mêmes, à des idées qui n’existent peut-être point, mais qui devraient exister, comme le courage, la justice, la tempérance, la sagesse, et si nous laissons ces colonels d’opinion faire paraître leurs tristes nécessités de police comme des articles de morale, c’est que nous sommes bien peu attentifs à nos propres pensées. Je dirais même que nous sommes trop peu attentifs aux pensées de notre contradicteur ; car tout homme, à toute minute, se règle sur ce qui devrait être, et n’accorde valeur à rien d’autre.
Mais il y a mieux à dire. L’humanité existe ; l’humanité est un fait. Comte, considérant les choses en naturaliste, a enfin aperçu ce grand être, trop grand même pour nos vues ; et il nous jette au visage cette étonnante découverte, disant que l’humanité est le plus réel, le plus vivant des êtres connus. Ces paroles éveilleraient de grands échos; mais quelle secrète police a capitonné les murs ? Il ne manque pas de sociologues, et qui se disent les disciples de Comte. Je n’en connais