Peut-on penser sans des idées premières ?
[Pourquoi cette question ?]
Penser, c’est exercer sa raison, ou encore, comme le disait Descartes, « bien juger et […] distinguer le vrai du faux ». Nous disposons pour ce faire d’un certain nombre de connaissances élémentaires et principielles d’où les autres dérivent et qui ne paraissent provenir elles-mêmes d’aucune autre connaissance. Ce sont les notions premières, les catégories d’Aristote – substance, quantité ou nombre, qualité, relation, action, passion, lieu, temps, situation et manière d’être – ou ce que Kant désignait comme les formes a priori de la sensibilité, les concepts purs de l’entendement et les idées pures de la raison, par exemple les idées d’espace et de temps, de causalité et de substance, de finalité et d’ordre, d’être et d’essence, de possibilité et d’impossibilité, de nécessité et de contingence, de moi et de non moi, d’absolu et de relatif, etc. Mais il se conçoit aussi des vérités premières qui sont des jugements paraissant déjà présupposer ces notions premières, par exemple, que tout ce qui est est, qu’une chose ne peut être en même temps elle-même et son contraire, qu’il ne se conçoit pas d’effet sans cause, etc.
[Position du problème]
La raison ne peut-elle s’exercer sans admettre des principes qui lui seraient logiquement antérieurs, ou bien ces idées premières ne sont-elles pas plutôt des connaissances fondamentales dues à la raison elle-même ?
[Annonce du plan]
En quoi les idées premières sont-elles incontournables dans l’activité de la pensée ?
Mais pourquoi ne les pensons-nous pas comme telles ?
En définitive, comment la raison intervient-elle dans la connaissance ou la pensée ?
[1
ère partie]
En quoi les idées premières sont-elles incontournables dans l’activité de la pensée ?
1) Il est un fait que la simple observation psychologique permet de vérifier, que « les principes entrent dans toutes nos pensées », comme l’affirmait Leibniz dans ses Nouveaux Essais